J’ai découvert Amanda Palmer avec son duo punk cabaret mêlant piano et batterie, qu’elle composait avec Brian Viglione : The Dresden Dolls. C’était autour de 2004, grâce à ma copine Malo au lycée. Cela fait donc une quinzaine d’années que je suis le travail de cette formidable artiste au gré de mes connexions Internet et de mes coups de cœurs musicaux.

En 2013, suite au financement de son album « Theatre is Evil » sur Kickstater, elle a été invitée à partager les clés de ce succès lors d’une conférence TED. Un talk nommé « The Art of Asking » dans lequel elle part de son expérience en tant que statue vivante pour expliquer comment elle a réussi à demander à ses fans de la soutenir dans ce projet et décrypter pourquoi il paraît si difficile de demander quelque chose à quelqu’un.

Écrit quelques mois après cette conférence, son livre reprend le contenu de son discours en plus approfondi. Elle raconte ainsi son évolution dans le monde de la musique, comment elle est devenue musicienne, comment elle a pris l’habitude d’utiliser les ressources à sa portée pour créer, la manière dont elle a pu construire une telle confiance avec ses fans, mais aussi ses relations avec son mari Neil-Gaiman-l’écrivain ou son meilleur ami Anthony.

Alternant entre passages de réflexion et anecdotes personnelles, d’une manière qui peut sembler un peu anarchique, Amanda Palmer démonte les idées reçues sur le fait de demander de l’aide à son public et s’interroge sur la justesse de ces échanges. Plus loin que l’aspect financier, elle conçoit le crowdfunding comme une chance d’être proche de son public, de créer avec lui.

Évidemment, ce n’est pas le monde des Bisounours©. Elle évoque aussi les trolls, boulets et incompréhensions qui viennent parfois entacher cette belle aventure humaine. Sans cacher la douleur provoquée par ces moments difficiles, elle raconte comment elle a appris à s’en nourrir et à s’adapter.

J’avais beaucoup d’appréhension à lire ce livre et ai attendu plusieurs années avant de le commander. Trop souvent je suis déçue par les biographies d’artistes que j’admire. Il y a l’image que l’on se fait, celle qui est diffusée par les labels, les agents, et la personne réelle. Tout cela coïncide rarement. Pas cette fois.

Amanda Palmer écrit comme elle tweete, comme elle partage sur les réseaux sociaux ou dans sa musique. Il n’y a pas de différence radicale entre l’art qu’elle propose et sa manière d’écrire, elle est elle-même. C’est agréable de voir le monde à travers ses yeux  : l’envie de partager, les instants de doute, comment gérer le syndrome de l’imposteur, mais surtout cette incroyable capacité à faire confiance aux autres. Pour la première fois depuis longtemps, en posant mon livre fini, j’ai eu l’impression de quitter une amie bienveillante. Merci Amanda Palmer et merci Malo.