La Horde du Contrevent – Collé au vent

Quand j’ai commencé à lire « La Horde du Contre-vent » d’Alain Damasio, les réactions des uns et des autres m’ont laissé croire que je rejoindrais une sorte de club secret des amoureux du Contre et que je devrais négocier avec ma moitié pour qu’on installe un autel en l’honneur de Damasio dans notre salon une fois la dernière page tournée. En réalité, il se trouve seulement que je côtoie des gens un peu trop passionnés.

Je viens donc de terminer ce livre. Une lecture qui m’aura bien pris plusieurs mois, sans exagérer. Pas que le style du livre soit particulièrement compliqué mais j’ai eu quelques difficultés de concentration sur lesquelles il a fallu travailler.

Pour ceux qui n’aurait pas encore eu l’occasion de découvrir la Horde et son univers, il s’agit d’un roman de fantasy retraçant la quête d’un groupe d’aventuriers, dans un monde où le vent est présent en permanence, qui remonte le courant pour rejoindre l’origine de ce souffle.

Récit de voyage, conte philosophique, interprétation du réel, ce livre incarne plus qu’une simple histoire pour de nombreux lecteurs. Une fois que l’on s’est pris au jeu de cette narration à plusieurs voix, difficile de le reposer, l’envie de rester dans la « goutte » avec les personnages est irrésistible.

De nombreux aspects m’ont séduits : la richesse de l’écriture, la complexité des personnalités, l’ingéniosité de la narration, les jeux de mots, les références philosophiques et linguistiques. Il faut reconnaître qu’il y a de quoi ravir les amateurs de lecture et de la langue française.

Pourtant je ne suis pas d’un enthousiasme à porter aux nues cette œuvre. La surprise d’une intrigue fait partie de mes critères de prédilection, la mauvaise habitude marketing d’attendre un effet « Wahou » certainement. J’aime me dire : « Alors ce coup-là, je ne l’avais pas vu venir. » et, dans ce roman, j’ai pressenti plusieurs éléments essentiels bien avant qu’il y en ait des indices. La faute est sans doute à incomber à l’influence inconsciente des propos tenus par les passionnés qui m’entourent, à une immersion dans la pensée de Damasio qui m’aurait permis une compréhension des révélations scénaristiques bien avant qu’elles ne soient données dans le livre.

Malgré cette modération, l’envie de le relire bientôt me trotte dans la tête. Après cette première approche, il me reste cette sensation que des éléments m’ont échappés et qu’ils pourraient se dévoiler au cours d’une deuxième lecture. Un roman à dévorer et dont on reprendrait bien un morceau !

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3 Comments

  1. Étonnamment, alors que je suis d’habitude une lectrice très lente, j’ai lu La Horde en 15 jours !

    Oui, l’auteur en fait parfois un poil trop (Golgoth a l’air parfois d’abuser un peu du dictionnaire de synonymes de Joey de Friends) (même s’il en abuse bien) et non, je n’ai pas toujours trouvé nécessaire la multiplication des points de vue car les personnages ont, selon moi, manqué d’épaisseur par moment. En plus de l’erreur de participe passé que j’ai postée sur Instagram, j’ai repéré une bonne demi-douzaine de fautes, plus ou moins graves, qui ont un peu cassé ce tissu de perfection linguistique à mes yeux.

    Côté personnages, j’ai cru comprendre qu’un grand effort avait été fait pour proposer des femmes fortes, auquel cas je le salue sincèrement, mais je reste quand même sur ma faim. Cinq femmes sur 23 contreurs, cinq femmes qui, à l’exception d’Oroshi, ont systématiquement du mal physiquement à côté d’hommes qui ne flanchent que parfois, cinq femmes qui rêvent toutes de maternité et ont des problèmes de contraception invraisemblables dans un monde où on surentraîne une élite pour l’envoyer à la mort… c’était parfois un peu trop (ou pas assez) pour moi.

    À côté de ça, il y a toute cette philosophie intégrée au vent, toute cette richesse lexicale et tout cet enthousiasme de l’auteur qui m’ont rendue assez accro. Si ça t’intéresse, il y a ce dossier philosophique absolument passionnant, même s’il me dépasse parfois : http://findepartie.hautetfort.com/archive/2008/04/13/la-horde-du-contrevent-d-alain-damasio-2-il-n-y-a-pas-d-extr.html

    Enfin, j’ai lu un extrait des Furtifs de Damasio, qui paraîtra l’année prochaine s’il parvient à le finir à temps, et j’ai plus que hâte de le découvrir !

    • Super ! Merci pour cette ressource. J’irai lire tout ça dès que possible. 🙂

      Je te rejoins sur les personnages féminins. Je me suis énervée sur cette obsession de s’installer et d’être mère, qui n’est pas cohérente avec les profils proposés.

      Maintenant que tu le dis, je suis totalement d’accord avec la comparaison du dictionnaire de Joey, c’est tellement ça ! 😀

      Et pour les fautes, je ne les avais pas vues. En même temps, avec ma vitesse de lecture, j’ai eu le temps de les oublier… Dommage, en effet, pour un amateur de jeu de mots. C’est regrettable si cela a cassé ta lecture en plus…

      Je ne savais pas qu’il avait encore un roman dans les tuyaux. J’ai une nouvelle de lui dans ma PAL mais j’ai trop à lire pour caser un roman de plus avant au moins 1 an et demi ! Je suivrai attentivement tes publications pour savoir ce que tu en auras pensé et savoir si ça vaut le coup de l’ajouter. 🙂

      • « Casser », quand même pas, mais j’ai trouvé que ces fautes faisaient tache, bien plus que dans tout autre roman.

        Par contre, on est dans la même situation pour la pile de livres, sachant qu’en plus, je lis très lentement, donc je ne sais pas si mon avis viendra vite. Mais l’extrait lu est très très prometteur 🙂

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