Texte n°1 – 5 minutes

Inducteurs
L’heure du thé chez la comtesse – la nappe orange à motif géométrique des années 60 – vivre sur son balcon

Rosalie huma le parfum qui se dégageait de sa tasse. Elle aimait fermer les yeux, profiter quelques instants de ces notes de bergamote. Elle reposa le récipient sur la soucoupe et apporta le plateau jusqu’à la table de jardin bancale qui trônait au centre du balcon minuscule.
La rumeur de la ville monta à ses fenêtres mais sur son balcon, Rosalie s’évadait. Elle était au cœur d’un immense jardin verdoyant, bercé par la musique de l’eau s’écoulant des fontaines. Elle troquait sa vieille nappe orange à motif géométrique qu’elle avait chiné dans une foire au grenier contre un voile de lin ponctué de roses anglaises.
Là-haut, au-dessus du boulevard, Rosalie était une comtesse à l’heure du thé.

Texte n°2 – temps illimité

Accrostiches

Prend la clé qui est dans le tiroir, puis
ouvre. Le temps presse, ne traîne pas.
Rentre vite, sans te retourner. Il pourrait
te rattraper. Cours dans le couloir, la sortie
est au fond. Ne m’oublie pas une fois dehors.

T’as vu celui-là ? Il a au moins deux heures de
retard sur l’horaire. D’habitude, il arrive plutôt
autour de l’heure de la traite. C’est troublant quand
ils sont si décalés. Moi, ça me perturbe la digestion.
N’empêche que ça égaye le paysage, hein, Marguerite ?

J’en peux plus ! Régler un conflit par ci, draguer
une jolie donzelle par là, se mettre une murge
peinard à l’Ambroisie avec les copains. C’est qu’
il faudrait pas croire que ma vie est un fleuve
tranquille. Être le roi des dieux, c’est du genre
épuisant. Sans compter que les humains m’ont
ressorti une nouvelle idée : Jésus ! Comme si ça allait marcher !

Texte n°3 – 7 minutes

Scriptoclip

Le noyau de pêche pourrissait à vue d’œil. Personne n’avait pris la peine de le jeter même si la poubelle n’était qu’à quelques pas. Elle allait devoir tout faire toute seule. Encore une fois.
Elle saisit le sac, fourra grossièrement les débris dedans et les miettes suiveuses. Un coup de torchon plus tard, tout brillait comme neuf. Vraiment, il allait falloir réclamer un peu plus de respect de leur part. Ce n’était pas parce que certains avaient plusieurs zéros en plus sur le paie que ça les dispensaient de faire des efforts. Elle sortit de la pièce, longea les bureaux vides. Sur l’un d’entre eux : un panier débordant de fleurs qui fanaient paisiblement.
Brigitte s’arrêta net. C’en était trop pour ces pauvres nerfs. Elle attrapa un parapluie oublié là et fit le ménage à grandes volées.

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