Pour sortir un peu le nez des livres et films, je suis allée voir la nouvelle présentation de la collection d’Art Contemporain du Centre Pompidou de Paris : « Une Histoire. Art, Architecture, Design. Des années 80 à aujourd’hui. » Malgré son titre à rallonge, cette sortie s’est avérée une bonne occasion de réviser les grands courants de l’Art de la fin XXe – début XXIe siècle.

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Andreas Gursky, « 99 cents » (1999) résume la société de consommation en une image

Cette exposition plonge le visiteur au cœur des grandes mouvances de ces trente dernières années et met en scène leurs influences sur les différents arts majeurs. De la chute du mur de Berlin aux conflits actuels, les artistes s’inspirent de la société qui les entoure pour revisiter l’Histoire, se l’approprier, la critiquer et sensibiliser le public aux problématiques qui leur sont contemporaines. On traverse les salles au fur et à mesure que le design se réinvente durant les audacieuses années 80, que le corps devient un moyen d’expression à part entière et que le vivant insuffle une nouvelle façon de créer.

Aller voir une expo à Beaubourg est toujours une expérience agréable. Les mouvements, les inspirations sont explicités et donnent de bonnes bases pour comprendre les œuvres présentées. Malgré ces indications, certaines créations restent encore un peu floues, c’est vrai, mais dans l’ensemble, les clés sont fournies aux néophytes pour saisir une grande partie de l’exposition.

J’y ai retrouvé beaucoup des choses que j’aime particulièrement avec l’art contemporain, surtout cette propension à faire réfléchir par toutes sortes de médias possibles. Une simple image peut bouleverser de nombreuses préconceptions, remettre en perspective le monde dans lequel nous vivons, aussi bien qu’une installation peut nous plonger au cœur du sujet, en nous faisant sortir de notre rôle de spectateur. Je pense notamment à l’impressionnante création de Malachi Farrell, « O’Black » (2004) qui reproduit la violence des ateliers clandestins avec un bon système électronique et pas mal d’éléments de récupération. Assommés par le son et les lumières, on reçoit en plein visage une réalité qu’on ne voit jamais. On peut en apercevoir un morceau sur la chaîne YouTube de l’artiste, mais elle ne rend pas honneur à l’efficacité d’être confronté directement à l’œuvre.

Mircea Candor, « Tasca che punge » (2007)

D’autres artistes misent sur une réalisation moins grandiose sans pour autant sacrifier l’aspect engagé de leur travail. Pour n’en citer que quelques uns, on peut s’arrêter sur Damián Ortega avec sa  « Molécule de glucose étendue », réalisée entre 1992 et 2007 à partir de capsules de bouteilles de Coca-Cola enfilées sur un fil de fer, sur Marwan Rechmaoui et les 992 cubes de marbre composant son installation « Veni, vidi, vici » (2013) ou encore l’excellent « Tasca che punge » (poche grattante) de Mircea Cantor (2007) mettant en scène un pantalon Armani accroché à une corde à linge, dont les poches sont remplies d’orties.

Pas de panique si vous n’avez pas encore eu le temps d’y faire un tour, vous pouvez toujours découvrir cette nouvelle présentation jusqu’au 7 mars 2016. En attendant, vous pouvez aussi avoir un aperçu de son contenu en consultant sa bande-annonce sur le site du Centre Pompidou.